Le Grand Genève, bassin de vie de l’agglomération franco-valdo-genevoise, compte près d’un million d’habitants. Son essor économique et sa croissance démographique soulèvent des défis importants en matière de mobilité. Avec la hausse des flux transfrontaliers et les problèmes de congestion routière, il est essentiel de renforcer l’attractivité des transports publics et de développer une offre multimodale de transport, toujours plus fluide et respectueuse de l’environnement. Explications avec Denis Berdoz, Directeur général des TPG, qui revient sur les défis du grand Genève et sur la collaboration avec RATP Dev, partenaire de longue date des TPG dans la région  de Genève. 

Quels sont les principaux  enjeux en matière de mobilité du Grand Genève ? 
La fluidification du trafic est un défi majeur pour le Grand Genève, et en particulier  pour la ville de Genève, qui connaît des difficultés de circulation  importantes, comme  de nombreuses autres grandes agglomérations. Dans un tel contexte, le développement de nos prestations  est un axe prioritaire pour les Transports Publics Genevois. Nous sommes actuellement dans une phase de redéploiement de notre offre, après plusieurs années de restrictions financières  à la suite du vote par la population  d’une baisse des tarifs de nos titres de transports.  L’octroi fin 2017 d’une subvention publique complémentaire nous permet d’améliorer nos prestations sur de nombreuses lignes, à travers notamment une hausse de la fréquence  de nos bus et de nos trams. Les travaux d’extension de notre ligne de tramway jusqu’à Annemasse ont démarré. Ce tramway transfrontalier, qui sera mis en service fin 2019, sera la prochaine étape du développement planifié de notre réseau tram et il viendra compléter les autres modes de transport public, notamment notre réseau de bus qui lui,  traverse déjà  la frontière. 

Quels défis et opportunités le projet du Grand Genève représente-t-il pour les TPG ?
Le Léman Express, futur  RER transfrontalier franco-suisse, est l’un des projets phare du Grand Genève. Cette colonne vertébrale de transport ferroviaire transfrontalier sera mis en service fin 2019. Il reliera 45 gares en France et en Suisse et desservira plus d’un million d’habitants. Exploité conjointement par la SNCF et les CFF, le Léman Express va accroître l’attractivité des transports publics et nous devrions en bénéficier. Nous sommes en effet convaincus de l’attrait du Léman Express pour nos réseaux : les voyageurs devraient progressivement délaisser leur voiture pour basculer sur les moyens de transport public. Ils utiliseront nos bus et tramways afin d’atteindre leur destination finale. Nous allons donc remodeler partiellement notre réseau afin de favoriser l’intermodalité du Léman Express avec notre propre réseau.

Quelles sont les problématiques spécifiques liées à l’exploitation de lignes transfrontalières ? 
Exploiter un réseau transfrontalier fait partie de nos expertises historiques. Certes, les réglementations, les tarifications, les conditions salariales ou encore les normes techniques varient d’un pays à l’autre, mais nous maîtrisons  cette dimension. Nous allons enrichir encore  ce savoir-faire, avec la mise en service du tramway transfrontalier qui relève des réglementations du monde ferroviaire. 

Quel regard portez-vous sur votre collaboration avec RATP Dev ?
Nous collaborons avec RATP Dev depuis de nombreuses années et sommes globalement très satisfaits de leurs prestations. C’est vrai dans le cadre de nos partenariats avec les filiales GEM ’Bus et RATP Dev Suisse, à qui nous sous-traitons l’exploitation de certaines lignes en Suisse et en France. C’est également le cas avec nos sociétés communes Société Téléphérique du Salève (STS) et TP2A (réseau d’Annemasse) dont nous sommes coactionnaires à hauteur de respectivement 47% et  49 %. Allier nos compétences avec celles de RATP Dev constitue une vraie force et c’est notamment ce qui nous a permis de remporter l’appel d’offres du réseau d’Annemasse. Fortement ancrés sur nos marchés locaux respectifs, nous possédons chacun une solide compréhension de leurs enjeux et savons être à l’écoute des autorités locales.

Selon vous, quels sont les atouts de RATP Dev ?
Nous sommes experts localement  dans notre domaine et avons beaucoup à gagner des échanges avec un  acteur plus global comme RATP Dev. En plus de sa très bonne connaissance du marché français, RATP Dev s’est forgé une grande expérience à l’international, qui s’enrichit au fil des années. Nous pouvons ainsi bénéficier de leur ouverture géographique et de leurs savoir-faire globaux. De plus, RATP Dev a l’habitude d’être mis en concurrence, ce qui est moins notre cas. 

Partagez-vous des valeurs avec RATP Dev ?
Tout à fait. Nous sommes tous les deux animés par l’innovation et la qualité de service. A l’instar de RATP Dev, nous sommes très actifs dans le secteur du véhicule autonome. Le premier véhicule autonome a été livré en 2017 et nous venons de recevoir l’autorisation pour démarrer son exploitation commerciale. Notre flotte de véhicules électriques s’agrandit, alors qu’elle assure déjà plus de la moitié de notre offre. Par ailleurs, une ligne commerciale de bus électriques articulés TOSA de  nouvelle technologie a été  mise en service ce printemps. Côté service clients, les TPG arrivent en tête de l’étude BEST, qui sonde chaque année la clientèle sur la qualité de service dans les transports publics dans les grandes villes d’Europe du nord. Nous sommes particulièrement fiers d’être classés  devant les villes scandinaves qui sont une référence en termes de transports publics et de mobilité douce.