Que signifie « intégrer un réseau » ? 

On parle d’intégration de réseau pour désigner le processus de reprise de la délégation de service public de transport d’une collectivité. Concrètement, un opérateur de transport laisse sa place et un autre le remplace. Or, il faut impérativement que la reprise se déroule au mieux pour que voyageurs et salariés ne soient pas impactés par ce changement. C’est un véritable challenge puisque nous avons un délai très court pour tout mettre en place entre le moment où l’on gagne un appel d’offre et le jour de la reprise (deux à trois mois seulement).  

Quelles sont les grandes phases du projet de reprise et ses grands enjeux ? 

Il y a trois phases clés : la phase de pré-exploitation, la phase de reprise et la phase de déploiement des engagements. 

Dans une première phase de pré-exploitation, nous engageons le dialogue avec l’opérateur « sortant » lors de réunions avec l’agglomération, donnant lieu à plusieurs ateliers (RH, ateliers de transfert, atelier paye…). Ces échanges d’information sont primordiaux. Ils garantissent le transfert de personnels, systématique pour les contrats locaux, et le bon déploiement de l’exploitation (paramétrage système, déploiement des nouveaux outils, etc.). 

Une passation doit d’abord se faire entre l’équipe du développement qui a travaillé sur l’appel d’offre et nous, l’équipe d’intégration. C’est une étape durant laquelle on cartographie tout ce qui est attendu dans le cadre de la délégation de service public (DSP) en termes d’outils et d’engagements. Un chef de projet est nommé pour travailler en binôme avec le futur directeur de filiale afin de piloter le projet jusqu’à la reprise du réseau. On va cadrer l’intégration en chantiers à mener et affecter des pilotes et des contributeurs à chaque chantier. 

Une réunion stratégique fédérant tous les acteurs du projet se tient ensuite pour lancer les chantiers clés : le juridique (création de la filiale, signature du contrat…), l’administratif, le marketing (site internet, application mobile, charte graphique…), les chantiers systèmes... On est une cinquantaine autour de la table pour lancer le processus de reprise. Le comité directeur France – Suisse est très impliqué dans le suivi et tient un rôle d’arbitre pour trancher les décisions si besoin.  

Dans la phase de reprise, il ne faut pas tout changer. Nos engagements de courts termes sont très concrets pour garantir la continuité de service public : assurer la paie de fin de mois du salarié, le former à l’utilisation des nouveaux outils. Les premiers jours de la reprise, on est sur place pour répondre aux questions, accompagner, rassurer. 

Ce jour-là, les voyageurs doivent pouvoir compter sur leurs horaires et trajets habituels. Les salariés – les conducteurs notamment - doivent pouvoir se voir attribuer un planning clair et savoir utiliser les nouveaux outils. Nous devons également être en mesure de rendre compte à l’agglomération, en toute transparence, du bon déroulé de la reprise et des risques que nous pouvons rencontrer. 

Une fois que tous ces prérequis sont assurés, que la reprise est fluide, nous pouvons déployer la phase d’engagement, c’est-à-dire répondre aux engagements à moyen et long terme attendus par la collectivité et l’autorité organisatrice de mobilité.  

En 2019, RATP Dev a su mettre en œuvre 4 reprises de réseaux simultanées – Angers, Creil, Saint-Malo et Brest. Nous avons des équipes capables de gérer plusieurs intégrations en parallèle avec des résultats probants. 

Quel est votre rôle dans ce processus de reprise ? 

Lorsque la direction des Opérations me nomme pour piloter l’intégration d’un nouveau réseau, je pars sur place plusieurs mois à temps plein. Mon rôle est de coordonner les chantiers, d’assurer le suivi avec les pilotes et la centralisation des échanges pour diffuser une seule et même information au Codir, comme à l’agglomération et à l’opérateur « sortant ». Une reprise réussie est une reprise qui se fait en toute transparence avec l’agglomération. Ma mission est de prévenir s’il y a des crises, d’anticiper les risques, d’informer mais aussi de créer des synergies, de fédérer pour faire travailler les gens ensemble. Dernièrement, j’ai été la cheffe de projet pour la reprise du réseau Bibus à Brest.