Quelles sont vos missions chez RATP Dev ?

Je suis chef de projet digital au sein de la Direction des systèmes d’information (DSI) depuis 2018, où je travaille sur des projets de mise en place d'applications pour l'information voyageurs. Mais également sur des solutions pour répondre à d’autres problématiques, telles que l’outil Connect, portail collaboratif que l’on met à disposition de nos réseaux pour dialoguer et échanger des documents de manière plus facile avec les autorités organisatrices de mobilité (AOM).

À quoi sert l’information voyageurs ?  

L’information voyageurs doit permettre à l'usager de se déplacer de manière sereine et sans avoir à se soucier des aléas lors de son trajet. Pour cela, il faut délivrer l'information la plus à jour et la plus fiable possible tout au long des parcours pour donner la meilleure expérience possible. 

Il y a quelques années encore, la grille horaire papier était la seule information délivrée au voyageur. Je pense que cela pouvait générer de la frustration et avait un côté déceptif pour l’usager.  Or, notre objectif, c’est d’inciter les voyageurs à utiliser un mode de déplacement durable – et pas seulement les transports en commun – afin de se tourner le moins possible vers le véhicule personnel. De ce point de vue, l'arrivée des nouveaux outils digitaux a permis de compléter l'information voyageurs et rassurer l'usager qui peut compter sur d’autres alternatives proposées en temps réel et en cas d’imprévu. Si l’usager est déçu au point de prendre son véhicule personnel, on a un peu raté notre mission.

Quels sont les grands enjeux de l’information voyageurs et comment y répondre ?

Pour moi il y a trois enjeux fondamentaux de l’information voyageurs. 

Tout d’abord, la collecte des données à la source : il faut pour cela avoir des données ouvertes dans des formats standardisés. Prenons l’exemple de l’information temps réel ou dynamique : soit le Système d’Aide à l’Exploitation (SAE) expose ses données dans un format standardisé (GTFS-RT ou SIRI), soit un concentrateur collecte les données dans le(s) SAE et les diffuse dans les formats standardisés. On peut alors alimenter l’ensemble des applications de mobilité destinées aux voyageurs : nos applications mobiles, nos sites Web, Google Maps et le Point d’Accès National (PAN). 

Le deuxième enjeu fondamental c’est la qualité des données et le fait d’assurer une correspondance entre les données théoriques et temps réel : cela permet la prise en compte des aléas, programmés ou non, et des perturbations qu’il peut y avoir au quotidien. Une nouvelle source de données « temps réel » vient désormais renforcer la fiabilité des horaires en offrant à l’usager la possibilité de suivre le déplacement de son véhicule en temps réel sur une carte. Le leitmotiv de la géolocalisation, c’est d’offrir la meilleure expérience possible à l’usager. Chez RATP Dev, nous avons mis en place cette solution innovante sur l’application mobile de notre réseau Bibus à Brest, et nous avons l’ambition de la déployer sur tous nos réseaux. 

Enfin, le troisième grand enjeu, c’est la multimodalité dans l’information voyageurs : nous sommes capables de délivrer à l’usager les correspondances possibles avec d’autres modes de transport. Finalement, on ne se focalise plus sur un réseau ou un opérateur particulier, mais sur toutes les solutions de mobilité qui existent pour l’usager. Je travaille pour que le voyageur puisse se déplacer de la manière la plus simple possible de son point A à son point B. l’information voyageurs permet de prévoir ses trajets avec d’éventuelles correspondances et alternatives dans son parcours (scooter, vélo, uber, etc.). Il n’y a plus de limite avec le MaaS, notamment dans les grandes villes où les différents services de mobilité sont de plus en plus nombreux.

Quelle est l’importance de l’information voyageur pour le retour des usagers dans les transports, post covid ?

Il y a un premier enseignement à retenir selon moi : malgré le couvre-feu et les confinements, il y a toujours eu un service actif même si l’offre de transport a été ajustée plusieurs fois, avec un niveau de fréquentation complètement diminué, voire nul, au premier confinement. Mais on voit également que depuis la fin du premier confinement, on a une moyenne de fréquentation à 60% environ comparé à une situation normale. Cela montre que les gens ont toujours besoin des transports en commun et en auront probablement toujours besoin. Il faut donc continuer à améliorer l'information voyageurs. C'est primordial, également dans les réponses à appels d’offre. La crise Covid est venue accélérer certaines innovations, comme l’information voyageurs sur la charge à bord des véhicules. 

Pour les collectivités et les autorités organisatrices de mobilité, il y a une base qui doit être un acquis de principe : l’ouverture et la diffusion des horaires temps réel et des informations de perturbations sur tous les supports d’information voyageurs. Ensuite, il y a d’autres outils digitaux qui vont être de plus en plus demandés pour continuer à enrichir l’information voyageurs et garantir la sécurité sanitaire des personnes (géolocalisation, charge à bord).